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PRIX DU LAIT Un accord pour la fin de l'année qui engage sur 2011

La FNPL avertit la grande distribution : « Pas de sabordage de l'accord en refusant des hausses de tarifs ».© PHOTOPQR/VOIX DU NORD/ÉMILIE DENIS

La FNPL a obtenu la hausse souhaitée pour fin 2010 mais l'engagement a été pris d'arrimer le prix du lait français à celui des Allemands dès 2011.

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Ce fut une négociation laborieuse, mais le 18 août dernier, les trois familles de l'interprofession se sont entendues pour appliquer les indicateurs de l'accord de juin 2009 sur le prix du lait du deuxième semestre 2010, soit une hausse de 31 €/1 000 l (pour le prix de base de la première tranche de flexibilité). C'était une demande forte de la FNPL. Plusieurs industriels privés campaient jusque-là sur une hausse qui intègre l'écart avec le prix du lait allemand, soit moins de 14 €/1 000 l. Cette négociation, après avoir été déclinée dans les régions, devrait permettre une augmentation moyenne du prix du lait sur 2010 de 10 %, sachant que la flexibilité annuelle ne sera que de 6 €/1 000 l (contre 18 /1 000 l l'an dernier).

« Ainsi le prix du lait de 2010 sera le plus élevé de cette décennie, à l'exception de 2008 », rappelle la FNPL. Son président Henri Brichart se réjouit de cette visibilité sur la fin de l'année et du retour des entreprises à la table des négociations, sans oublier d'avertir la grande distribution :

« Les éleveurs n'admettront pas que les transformateurs ne puissent appliquer la hausse sous prétexte de blocages dans leurs négociations sur les PGC. » Mais cet accord sur le prix 2010 a eu ses contreparties. D'abord, un indicateur de compétitivité avec l'Allemagne qui s'appliquera dès janvier 2011. Ainsi, le prix du lait français ne pourra pas décrocher de plus de 8 €/1 000 l du prix allemand, en moyenne sur l'année, et de 10 €/1 000 l mensuellement (hors saisonnalité). En 2009, cet écart était de 35 €, puis de 9 € au premier semestre 2010. Rappelons que ce type d'indicateur existait entre 2006 et 2008. Est-ce à dire que le prix du lait pourrait plonger dès 2011 ? Henri Brichart se veut rassurant. « En moyenne surcinq ans, nous constatons à peine 4 /t d'écart avec l'Allemagne et il n'est pas certain que nos voisins connaissent à l'avenir des variations de prix aussi brusques que par le passé. » Mais la Fnil répète que « le lait français ne peut rester déconnecté du marché européen ».

Elle demandait d'ailleurs un tunnel plus court avec l'Allemagne : 4 €/t. Les 8 €/t ont été négociés en contrepartie d'une maîtrise des volumes d'allocations provisoires à 5 % maximum. La FNPL attend aussi que le plan de développement pour la filière lait, annoncé par le ministre, réponde aux distorsions de concurrence constatées avec nos voisins européens.

Évidemment, du côté des syndicats minoritaires, c'est une levée de boucliers. « Les critères de l'accord de juin 2009 utilisés ici sont mauvais et la FNPL a lâché une fois de plus sur l'arrimage du prix du lait au marché allemand », s'indigne la Confédération paysanne. « Avec cette nouvelle règle, c'est une baisse de 10 % qui devra être supportée par les producteurs. Ce que l'on donne aujourd'hui, on le reprendra demain », analyse l'OPL. L'autre élément de l'accord est l'engagement pour l'interprofession d'expertiser les différentes options possibles du double volume/double prix. Une demande forte des coopératives qui souhaiteraient aboutir dès la prochaine campagne. Mais plusieurs privés s'opposent à ce concept, bien que Danone avance déjà son propre contrat.

DOMINIQUE GRÉMY

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